Comment décidez-vous d’acheter un film français ?

C’est la question que beaucoup se posent. Elle n’émane pas toujours de ceux que l’on imagine. Bien sûr, il y a ceux qui débutent, apprennent et s’interrogent; ceux aussi qui ne sont pas au contact direct des acheteurs d’une chaîne. D’autres qui pensent que la décision est l’affaire d’une personne. A l’heure de Twitter, Facebook et autres outils de propagation massive d’informations numériques, ce dernier comportement est anachronique, curieux et dangereux.

Bref, cette question est centrale.

A CANAL+, la démarche est toute simple, et évidemment semée d’embuches. Nous l’expliquons dès que l’occasion nous en est donnée, lors d’innombrables rencontres individuelles et collectives.

Pour décider d’investir dans un projet de long-métrage, nous attendons généralement d’avoir le dossier le plus complet possible: scénario, réalisateur, producteur délégué, distributeur envisagé, devis de fabrication du film, financements acquis ou espérés, période de tournage, et, last but not least, comédiens principaux. L’équipe des préachats reçoit ainsi plus de 500 projets par an, dont plus de 400 pour la première fois.

Cette équipe lit, rencontre, échange. Pour comparer, pour analyser, pour espérer. Il s’agit d’abord de comprendre la promesse du projet, ensuite d’évaluer comment elle nous parait tenable; et enfin de la comparer à celles d’autres projets. Cette équipe présente ses recommandations à un panel interne, composé de responsables notamment éditoriaux, de programmateurs, de financiers, de directeurs. Cette collégialité est primordiale. Elle ne doit pas étouffer l’expression de convictions fortes. On débat, on se dispute, on partage. Notre grille d’analyse est le cinéma que nous voulons proposer à nos abonnés. Elle est aussi vaste que le cinéma lui-même.

Vient la question du choix. Choisir, c’est refuser. Le choix se fait toujours dans un contexte tant éditorial que financier. CANAL+ tient à un équilibre que d’aucuns appellent la diversité. Comme la programmation d’une salle de cinéma, nous cherchons à proposer un menu aussi varié que possible. Concrètement, cela signifie respecter un savant équilibre entre les jeunes talents et les cinéastes confirmés, entre les genres et les ambitions; accompagner des prises de risque mais être là pour des projets attendus.

CANAL+ n’a pas le dernier mot. En moyenne, notre investissement ne couvre « que » 20% du devis d’un film. Un film n’est pas un téléfilm. Son indépendance créative vient de cette pluralité des financements. Mais notre indépendance éditoriale consiste aussi à exprimer des choix.

 

Joli mois de mai de cinéma.

Cannes est loin, très loin. Quelques films restent encore dans les esprits, avec ou sans polémiques. De retour à « Paris« , on semble déjà oublier qu’on y a vu de beaux films, combien nous sommes pressés de les revoir pour partager ce plaisir avec nos proches.

Le « métier » a repris ses commentaires inquiets sur l’avenir de la filière. Il se désole de certaines sorties. Il se déchire sur la convention collective. Il est terrifié à l’idée qu’une négociation de libre-échange l’engloutisse dans des marchandages abscons.

Il manque de bonnes nouvelles.

Chez nous pourtant, les marques d’intérêt pour le cinéma, sous toutes ses formes et dans tous ses registres, sont toujours là et bien réelles.

En mai, 8 films ont dépassé les 10% de part d’audience sur CANAL+. « De rouille et d’os » de Jacques Audiard fut un joli carton, près de 18% du public, plus d’un million d’abonnés. Mais il y avait aussi « Mains armées » de Pierre Jolivet et « Adieu Berthe, l’enterrement de mémé » de Bruno Podalydes (13%), « les Vacances de Ducobu » et « Margin Call« . « Une vie meilleure » de Cédric Kahn a terminé son cycle de diffusion, avec 1,2 million d’abonnés.

Sur CANAL+ Cinéma, l’excellent « Miss Bala » a réuni 232.000 téléspectateurs pour sa première soirée. Les abonnés ont aussi plébiscité les inconnus « Alien Girl« , « Poursuite Mortelle » ou « Disparue« .

Soyez rassurés.