Vous souvenez-vous de ce slogan de Bill Clinton ? Campagne de 1992, il évince George Bush père qui sortait pourtant victorieux d’une première guerre en Irak. Il n’y avait ni Internet ni Twitter et déjà le slogan qui infuse une campagne : « it’s the economy, stupid ! ».
George Bush n’avait pas compris que les électeurs – au moins pour la majorité de ceux qui se déplacèrent pour voter le premier mardi de novembre 1992 – pensaient d’abord à l’économie, c’est-à-dire au chômage, plutôt qu’aux décorations militaires d’un autre temps que le président sortant semblait arborer avec trop d’entrain.
Nous pourrions « translater » ce slogan dans notre univers de diffusion de produits culturels. Cela fait quelques années déjà, c’est-à-dire un siècle, qu’on nous bassine l’avènement, le triomphe, le sacrement suprême du tout « on-demand ».
Le consommateur aurait terrassé le spectateur. Le premier « commande » à des fabricants, là où le second « espère » des créateurs . Cette curieuse vision, antinomique au possible avec ce qu’est la culture sous toutes ses formes, infuse pourtant nombre de commentaires sur notre nouvelle ère. On cite l’exemple de ce service qui « fabriquerait » des séries « sur commande » grâce aux incroyables données de consommation dont il dispose sur ses abonnés (à ce propos, illustrer le propos avec House of Cards, remake d’une série anglaise, était assez cocasse). On mentionne la SVOD avec une gourmandise non feinte. Le traitement de « Big Data » aurait terrassé la Création.
Et pourtant.
Aux Etats-Unis comme en Europe, chez les « nouveaux anciens » comme chez les « historiques » de la diffusion, on comprend que l’essentiel est dans la création et la programmation, le juste dosage de l’offre entre une liberté d’usage , la force d’une proposition créative, et le bon timing pour l’exposer. Tous les services de video à la demande sont confrontés, tôt ou tard, à cette problématique.
« It’s the programming, stupid ! »