La quarantième édition des Cesar s’est déroulée hier, vendredi 20 février, dans une étonnante continuité.
Il y a ceux qui râlent avant, pendant, et après la cérémonie. Certains sont contraints à l’exercice du commentaire (parce qu’ils sont journalistes), d’autres sont prisonniers d’un réflexe pavlovien que l’on mesure assez bien sur les réseaux sociaux quand on est chez soi ou dans les coulisses du spectacle.
On y détecte donc les râleurs par principe; mais aussi ceux qui n’aiment des films qu’ils n’ont pas vu; les snobs qui n’aiment pas le cinéma français puisqu’il est français ou que « c’est mieux ailleurs »; les complotistes qui pensent que les votes sont truqués (un excellent sketch leur fut dédié hier soir); les ignorants qui préfèreraient des trophées décernés par le public et non une cérémonie « entre professionnels« , les impatients qui raillent la longueur du show même s’ils restent jusqu’à la fin; les sadiques qui pensent que les organisateurs font exprès de faire durer la cérémonie; les prisonniers du cliché qui pensent que le cinéma français est forcément bourgeois et parisien (ont-ils vu les Combattants, Timbuktu, Bandes de Filles, Party Girl ?).
Sur les réseaux sociaux, on détecte aussi, et fort heureusement, les humoristes qui trouvent le bon mot; les spectateurs émus par le bonheur des lauréats (Pierre Niney et Abderrahmane Sissako ont fait forte impression sur Twitter hier soir), énervés que leur champion n’ait pas gagné; ou simplement heureux de retrouver sur la même scène, dans la même salle, le plus beau et le plus éclectique des castings.
Les Cesar ne sont ni le vote d’un public, ni celui d’un jury choisi. C’est le palmarès de professionnels, certains précaires, d’autres établis; ouvert à toutes celles et tous ceux qui font des films. Même si Timbuktu a remporté un grand nombre de prix (7 Cesar au total), on pouvait noter l’extrême variété des participants et des films représentés hier dans la cérémonie.
Je me souviens d’un court échange, il y a longtemps, avec Pascale Ferran. Je l’interrogeais sur la longueur des remerciements des lauréats. « Mais c’est notre cérémonie, celle du cinéma français en tant qu’industrie créative, on n’en pas d’autres » m’avait-elle répondu en substance.
Il fallait être touché, hier, par les propos d’ Abderrahmane Sissako. Il a le mieux résumé l’importance et la chance que nous avons d’accueillir pareille diversité.
Les Cesar sont comme un spectacle de fin d’année à l’école quand, parents, vous observez votre progéniture s’essayer à la danse ou au chant après des mois d’entrainement.
Quand votre enfant passe sur l’estrade, vous souriez, vous craigniez, vous stressez, vous applaudissez.
Vous êtes émus.