Cannes, et l’explication de texte(s)

Entre autres choses, le Festival de Cannes est l’occasion de répondre à quelques interrogations sur notre filière. C’est presque un rituel. Depuis quelques années, je suis invité par la SACD à expliquer comment nous travaillons, comment nous allons, vers où nous nous dirigeons. L’exercice se veut pédagogique sur les ressorts concrets de notre activité.

Depuis une dizaine d’années, pas loin de 500 projets de longs métrage français sont proposés à la chaîne. L’année 2012 n’a pas dérogé à la règle puisque 430 nouveaux projets apportés par plus de 200 producteurs différents ont été présentés. Tous ont été soumis à des comités de lecture, ont donné lieu à des échanges en interne et à des discussions avec les producteurs. Au final, l’an dernier, 113 films ont été préachetés avec une amplitude importe de financement, entre 150 000 et 5 millions d’€.

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Rapport Lescure

Indubitablement, il a remplacé tous les scripts emportés trop rapidement sur un iPad que nous espérions lire le temps du trajet Paris-Cannes en train. Depuis qu’il a été dévoilé, avec retard, lundi 13 mai, tout le monde s’est emparé du sujet.

Je ne commenterai pas ce texte, CANAL+ s’est exprimé depuis, à plusieurs reprises. Ce qu’il propose signifie pas mal de bouleversements.

Mon seul et terrifiant commentaire est un constat: mais qui donc a lu le rapport Lescure au-delà de sa synthèse ?

Je vous laisse deviner la réponse.

Le rapport est à lire ici.

Avons perdu la capacité de faire un cinéma pour adultes ?

Dans une interview réalisée pour l’excellent FRISSON BREAK et diffusée sur cine+Frisson le 5 mai, le réalisateur Danny Boyle livre ce constat quelque peu terrifiant sur le cinéma anglo-saxon de divertissement. Un constat que nous devrions prendre comme une menace pour notre propre cinéma national si nous n’y prenons gare.

Le réalisateur explique:

« L’un des problèmes actuels est que nous avons perdu la possibilité de faire films adultes. Même l’expression ‘films adultes’ signifie désormais ‘pornographie’. Alors que lorsque j’étais gamin, ‘films adultes’ signifiaient Nicolas Roeg, John Boorman, John Cassavetes. C’était du très bon cinéma avec des thèmes adultes comme le sexe, la violence, le dilemme, des dilemmes absolument adultes. Et en grandissant, on était impatient, excité à l’idée de les rencontrer. On les découvrait au cinéma, puis on les rencontrait soi-même dans la vraie vie. C’était un rite de passage.

Le problème du cinéma contemporain est qu’il se ‘pixarise’. C’est brillamment raconté, mais c’est pour la famille. Et si ce n’est pas pour la famille, le film est recouvert d’interdictions en tous genres, des pages entières d’avertissement. »

Tout était dit. Le cinéma nous faisait grandir.

Aujourd’hui, il nous semble que la seule excitation qui demeure à nos gamins vis-à-vis du cinéma est l’horreur.

La création française est relativement protégée de cette dérive. Mais pour combien de temps ?